En collaboration avec l’équipe, Hector, Noelia et Willy, j’anime deux fois par mois, l’émission Visages d’Amérique Latine, en direct, sur Radio Canut. Une émission politique et culturelle dans laquelle nous recevons des spécialistes des pays en fonction de l’actualité, ainsi que des artistes en tournée en France.
J’écris parfois des chroniques. En général, elles traitent du Chili, du féminisme ou du colonialisme.
L’émission Visages d’Amérique latine est née à la fin des années 70 avec l’émergence des radios pirates. A l’époque un petit groupe de 4 individus (1 Espagnol à la technique, 1 Français, 1 Chilien et 1 Uruguayen, tous adhérents des Partis Communistes de leur pays respectif) que je rejoins en 1979, se retrouvent le samedi matin de 10h à 12h dans les locaux de Radio Trait d’Union (la radio des communautés étrangères à Lyon), après les Arméniens et avant les Vietnamiens.
D’abord située près de l’émetteur de Fourvière à Lyon 5ème, Radio Trait d’Union déménagera rue du Dauphiné dans le 3ème arrondissement. L’émission Visages d’Amérique Latine rejoindra Radio Canut en 1982, d’abord rue Pouteau puis rue Sergent Blandan dans le 1er arrondissement. A Canut, seuls deux membres de l’émission première, rejoignent le groupe d’Argentins qui participent au Canut-info du Vendredi soir, journal d’informations pendant lequel ils donnent des informations sur l’Amérique Latine en général et le cône Sud en particulier. Ce groupe-là (proche de Français du PSU) s’est conformé lors de la création d’un Comité contre le « Mundial » de football en Argentine en 1978 et ont créé Sol.Ma (Solidarité avec les Mères de la Place de Mai) ; les deux programmes fusionnent et l’émission Visages d’Amérique latine conserve son nom et son créneau : le samedi de 10h à 12h mais sur Radio Canut cette-fois, radio associative, gérée et animée par des bénévoles, sans salarié aucun, jusqu’à ce jour et dont le fonctionnement auto-gestionnaire convient mieux à la nouvelle équipe.
Les participants au programme Visages d’Amérique Latine/ Rostros de América latina sont alors : Jorge Burgos, Stella Zeballos et David Jacubovich (Argentins), Pascale Amey (Française) et Nelson Latorre et Bertha Sanseverino (Uruguayens). Sára Carrizo (Argentine) nous rejoint pour animer en fin d’émission, à 11h45 le « coin des enfants » (contes, légendes et comptines en espagnol).
L’idée qui a toujours prévalu et prévaut encore aujourd’hui dans l’émission Visages d’Amérique latine : livrer des informations sur la situation politique, sociale, économique, culturelle des pays d’Amérique latine.
De façon évidente, le programme s’envisage en bilingue : espagnol/français afin que la communauté latino-américaine à Lyon (très nombreuse à l’époque et constituée essentiellement de réfugiés politiques en provenance du Brésil, Chili, Argentine, Uruguay, Bolivie et d’Amérique centrale) puisse entendre sa langue au fil de la musique, des informations ou des dossiers traités sur la réalité particulière à un pays ou de thèmes plus transversaux, du bulletin d’informations hebdomadaire, des annonces des activités culturelles, auquel s’adjoindra durant 15 ans le coin des enfants (el rincón infantil), moment particulier à destination du jeune public.
Le deuxième principe de l’émission : générer du lien entre les diverses composantes de la communauté de latino-américains et favoriser les échanges : la communauté latino-américaine s’étant transformée au fil du temps depuis les premières arrivées de réfugiés politiques du Cône Sud en 1974, et suivantes…, intégrant ensuite Péruviens, Colombiens etc.
Enfin, le dernier objectif : créer du lien avec les autres composantes de la société (Français et plus largement habitants du territoire) en donnant à connaître la culture latino-américaine dans sa richesse, sa grande diversité et ses combats, ses luttes sociales et politiques.
Selon les époques et les contextes politiques, les centres d’intérêt vont varier. Les thèmes traités vont l’être sous forme de « dossier » ou par le biais d’interview de « spécialistes » [Par exemple : pour l’affaire Pinochet, c’est Jac Forton, auteur de nombreux ouvrages sur le Chili qui présentera le thème, sur la politique en Bolivie (au moment de l’élection d’Evo Morales, un doctorant en études politiques spécialiste de la Bolivie), Daniel Boisson pour Haïti etc]
On citera évidemment pour les thèmes abordés (liste non exhaustive au bout de 45 ans !!!) :
Culture (cinéma, photographie, littérature, musique)
Sources
Des débuts à aujourd’hui, un peu plus de 20 personnes ont fait vivre le programme Visages d’Amérique Latine, transitant par les locaux le samedi matin ; qu’ils soient latino-américain.e.s engagé.e.s dans les luttes politiques de leur pays d’origine et exilés, qu’ils aient, pour les Français, des affinités particulières avec l’Amérique latine tant au niveau culturel que dans l’appui aux luttes politiques des exilés, ils ont donné de leur temps pour informer, dénoncer et combattre les situations iniques traversées par certains pays à différents moments. Certains sont restés quelques mois, d’autres de nombreuses années.
Il convient aujourd’hui de les citer tou.te.s : Diego Fraile, pour la technique (Espagne) ; aux micro : Michel (France), Francisco Leiva (Chili), Nelson Latorre (Uruguay), Pascale Amey (France), Jorge Burgos, Stella Zeballos et David Jacubovich (Argentine), Bertha Sanseverino (Uruguay), Sára Carrizo (Argentine), Fabienne et Sandrine Nouvelot, Dominique Picart (France), Gustavo Fuentes, Jean-François Lechaptois, Nilda Borges et Soledad Iturriaga (Chili), Luis Cristia, Moises Sánchez et Laura Martínez Haro (Mexique), Diego Triviño (Colombie) et David Huerta (Espagne).
En 2023, Visages d’Amérique latine existe toujours et Hector Espinola (Chili), Noelia Mora (Equateur), Willy Ortiz (Colombie), Sabine Greppo (France) continuent leur travail d’information sur la situation et les luttes des peuples de sous-continent.
Si le générique donne le ton [« El pueblo unido » de l’auteur chilien Sergio Ortega et le groupe Quilapayun, le fil rouge a toujours été le respect et la liberté : respect de l’opinion des participants et liberté d’exprimer son point de vue, quitte à en discuter pendant des heures !
C’est ainsi qu’en 45 ans ont pu cohabiter des participants ayant des appartenances politiques différentes, allant des Partis Communistes et des Chrétiens de gauche aux groupes Révolutionnaires de lutte armée (FARC, ELP, MIR, FPMR, etc).